- Déclarations
Le multiculturalisme à 50 ans : notre miroir à minuit
Le 8 octobre, il y a 50 ans, le Canada est devenu le « premier pays au monde à adopter le multiculturalisme comme politique officielle ». Onze ans plus tard, la politique de multiculturalisme a été intégrée à la Charte canadienne des droits et libertés. Celle-ci déclare que tous les citoyens et résidents canadiens peuvent « librement préserver, mettre en valeur et partager leur patrimoine culturel » et que les communautés, quelle que soit leur origine, peuvent et doivent pouvoir participer pleinement et équitablement à tous les aspects de la société canadienne.
Si nous devons être fiers de cette politique et des progrès qui l’ont suivie, nous devons collectivement comprendre ce qu’elle signifie en pratique. Au cours de la dernière année et demie, des millions de Canadiens racialisés et non racialisés se sont demandé si les mots prononcés il y a 50 ans étaient vraiment sincères. Le pays a connu beaucoup de chagrin au cours des dernières semaines. Une famille innocente qui se promenait un dimanche après-midi a été tuée simplement parce qu’elle était musulmane. L’antisémitisme, qui s’exprime par le vandalisme des synagogues et par des actes violents commis contre des personnes juives à travers le Canada, n’a jamais été aussi présent. Des parents d’élèves se battent pour que les programmes scolaires provinciaux soient plus inclusifs sur le plan racial. Les pics alarmants de racisme anti-asiatique dus à la pandémie de COVID-19 font écho à un passé profondément honteux d’agressions envers les Asiatiques. L’agonie des Premières nations, des Métis et des Inuits, qui a duré un siècle et qui n’a pas été prise en compte, se concrétise aujourd’hui par la découverte de centaines de fosses communes et de tombes non marquées dans les Prairies et dans l’Ouest canadien, et d’autres découvertes sont à venir.
Le 50e anniversaire de la Loi sur le multiculturalisme ne devrait pas être un simple moment pour se féliciter. Il devrait plutôt être le miroir de notre pays à minuit et un appel à l’action collective. Ce devrait être le moment d’examiner notre histoire, son impact sur notre présent et son effet d’entraînement pour l’avenir. Cet anniversaire est l’occasion de faire passer la politique écrite il y a 50 ans du stade de l’aspiration à celui de l’action, afin que, dans 50 ans, nous puissions tous dire honnêtement que nous avons transformé nos paroles en actes.