• Déclarations
20 Décembre, 2021

L’émancipation ne se limite pas à un jour. L’émancipation est un appel à l’action.

Déclaration de la FCRR sur le tout premier Jour de l’émancipation au Canada.

Le 1er août 1834, l’Amérique du Nord britannique a promulgué la Loi d’abolition de l’esclavage, libérant ainsi ostensiblement près d’un million d’Africains asservis dans l’Empire britannique. Cependant, 187 ans plus tard, les répercussions de 200 ans d’esclavage et de colonisation des Africains et des Autochtones résonnent encore dans la société canadienne.

C’est une bonne chose de célébrer la fin de la servitude légalisée. Mais la reconnaissance de la fin de l’esclavage sonnera toujours creux si les descendants des esclaves ne sont pas également émancipés des effets résiduels de l’oppression forcée. En Nouvelle-Écosse, entre 1783 et 1785, 3 000 personnes d’origine africaine se sont installées dans la province après avoir combattu pour les Britanniques pendant la Révolution américaine. Ils se sont battus pour échapper à l’oppression inadmissible à laquelle ils étaient confrontés en Amérique et pour la promesse d’être relocalisés dans un pays où ils pensaient être vraiment libres. Au lieu de cela, ils se sont heurtés à une discrimination raciale supplémentaire, les empêchant d’accéder à ce dont ils avaient besoin pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Aujourd’hui, nombre de leurs 21 000 descendants attendent toujours la réalisation de cette promesse et guérissent encore des blessures de cette discrimination. Le racisme environnemental, les tentatives répétées d’effacer leur culture et l’exclusion délibérée des lieux de décision continuent de hanter les Néo-Écossais d’origine africaine dans une province qu’ils ont contribué à bâtir.

Si nous voulons célébrer le Jour de l’émancipation, nous devons aussi reconnaître que si nous avons mis fin et brisé les chaînes physiques de l’esclavage, nos systèmes ont mis en place de nombreuses formes d’esclavage psychologique et mental. Le Canada a réduit en esclavage les deux tiers de la population indigène avant La loi d’abolition de l’esclavage de 1834. Pourtant, même après l’abolition officielle de l’esclavage, l’esclavage physique des Premières nations, des Métis et des Inuits a été remplacé par le système des pensionnats – une application systémique du génocide culturel qui a duré 160 ans.  Ce système a détruit la culture et les structures familiales autochtones pendant des générations. Les blessures de l’oppression et de l’abus générationnels subis par les hommes, les femmes et les enfants autochtones sont évidentes dans les statistiques profondément troublantes concernant leur surreprésentation dans le système carcéral, alors qu’ils ne reçoivent presque jamais justice pour les méfaits commis à leur encontre.

Pour les Noirs du Canada, dont beaucoup sont les descendants d’Africains réduits en esclavage, l’émancipation passe par la réparation et l’amélioration du racisme systémique qui continue d’opprimer la population. Par exemple, bien qu’ils ne représentent que 3,5 % de la population, les Noirs constituent 7,2 % de la population carcérale du Canada. L’année dernière, un rapport de la Commission ontarienne des droits de la personne a révélé que seulement une personne noire sur cinq accusée d’un crime a été condamnée, ce qui met en lumière les graves préoccupations que suscite la nature systémique des accusations criminelles portées contre les Noirs.

L’émancipation ne se limite pas à un jour. Elle ne doit pas non plus être réduite à un ressassement des maux passés de l’esclavage. L’émancipation doit être un appel à l’action. Une quête vers l’élimination du racisme systémique et de l’oppression raciale dans le présent. L’émancipation doit être un principe fondamental par lequel nous continuons à construire et à perfectionner notre société.  Nous devrions être fiers de vivre dans un pays où l’asservissement des humains est une pratique illégale, mais pour être juste, il s’agit du strict minimum dans le cadre des droits de l’homme. Le véritable accomplissement vient du fait de vivre dans une société équitable et juste qui s’efforce continuellement de corriger et d’éradiquer tous les systèmes qui empêchent les citoyens respectueux de la loi d’atteindre leur plein potentiel pour vivre véritablement comme des êtres humains libres. Le 1er août devrait être une date permettant à la fois de célébrer le chemin parcouru en tant que nation et de faire le point sur le chemin qu’il reste à parcourir. Sinon, nous courons le risque dangereux d’exalter un symbolisme performant plutôt que l’accomplissement de réels progrès.

Par: Kimberly Bennett, Directrice des communication

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