- Déclarations
Redresser les torts sans s’arrêter : les leçons tirées de l’Entente de redressement du Canada à l’égard des Canadiens d’origine japonaise

Photo de l’Association nationale des Canadiens japonais
« Repatriation » to Japan, Slocan, 1946. NNM 1996.178.1.33.
Il a fallu des décennies de mobilisation par la communauté canadienne japonaise pour que les torts commis par le gouvernement canadien pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment la relocalisation forcée des Canadiens d’origine japonaise, leur internement et la confiscation de leurs biens, soient officiellement redressés.
Le 22 septembre 1988, Brian Mulroney, alors Premier ministre du Canada, a présenté à la Chambre des communes l’Entente de redressement à l’égard des Canadiens d’origine japonaise « afin de régler la situation et de permettre à leurs enfants et aux nôtres d’avancer ensemble sans être accablés par les torts subis par les générations précédentes. »
Cette entente a également marqué la naissance de la Fondation canadienne des relations raciales (FCRR) dont la mission est de contribuer à l’élimination du racisme et de la discrimination raciale au Canada en menant la recherche, en fournissant des ressources, en promouvant la formation, et en collaborant avec des organismes variés pour élaborer des politiques et des programmes en matière de lutte contre le racisme.
La FCRR continue de respecter cette mission. Cette année, en partenariat avec l’Environics Institute for Survey Research, nous avons publié notre troisième sondage national qui documente les avancements réalisés au Canada sur les questions liées à la discrimination raciale à travers le pays. Au cours des trois dernières années, par l’entremise de notre Fonds national de lutte contre le racisme, nous avons contribué 11,1 millions de dollars au soutien de plus de 598 organismes à travers le Canada. Depuis le début de 2025, nous avons organisé deux dialogues nationaux et neuf ateliers de formation dans plus de cinq villes canadiennes.
L’intention du redressement est tracer une voie avec moins de torts et d’injustices permettant à nos communautés de prospérer ensemble. Toutefois, malgré les avancements réalisés, la haine, la xénophobie et la discrimination, ainsi que des sentiments anti-immigrants en hausse de 19 % au cours des 3 dernières années, menacent toujours le Canada, notamment en raison de l’augmentation rapide de la désinformation et des opinions extrémistes alimentées par les algorithmes.
La normalisation actuelle du discours extrémiste menace plusieurs des valeurs démocratiques créées pour défendre les droits de la personne et la dignité humaine. Dans des moments tels que celui-ci, il faut remettre en cause les politiques publiques afin de ne pas agir sous l’influence de la peur et de continuer à établir des normes pour l’avenir de toutes et de tous. La commémoration de l’Entente de redressement à l’égard des Canadiens d’origine japonaise est l’occasion de rappeler l’une des pires décisions en politiques publiques dans l’histoire de notre gouvernement et de la prendre comme un avertissement de ce dans quoi il nous serait facile de retomber.
Mohammed Hashim, Directeur général de la FCRR
Aujourd’hui plus que jamais, alors que nous nous penchons sur l’histoire des Canadiens d’origine japonaise et sur notre parcours commun vers l’équité, nous devons continuer à encourager les efforts de lutte contre le racisme systémique, promouvoir la compréhension mutuelle et soutenir les communautés touchées par la discrimination. »
Caroline Ishii, directrice générale de l’Association nationale des Canadiens d’origine japonaise
Au cœur de l’identité nationale du Canada en constante évolution se trouvent des valeurs communes de responsabilité, d’empathie et de justice. À notre ère numérique, l’Entente de redressement du Canada à l’égard des Canadiens d’origine japonaise nous invite à récuser non seulement les politiques concrètes d’exclusion, mais également les propos nuisibles qui en ont jeté les bases.
En cette époque agitée, il nous faut continuer à protéger ces principes pour les générations futures du Canada.